
La plateforme vidéo des Rencontres
Une leçon de philosophie proposée par le philosophe Colas Duflo au FANB.
Mars 2022 #philomonaco
À quoi on joue ? Périls, risques et plaisirs
CONVERSATION
Présentée par Raphael ZAGURY-ORLY, membre fondateur philosophe
Avec Colas DUFLO, philosophe
Vinciane ZABBAN, sociologue
Frédéric TORDO, psychologue
Jeudi 13 janvier 2022
Lycée Hôtelier et Technique de Monaco
Conversation présentée par Robert Maggiori
Avec Laurent Cordonier, sociologue
Camille Riquier, philosophe
Si les miracles existent, dit Pascal, Dieu existe. Si les miracles existent, lui fait écho Spinoza, Dieu n’existe pas. Qu’est-ce que cela signifie, exactement, « croire en Dieu » ? Cette croyance est-elle identique à celle qui fait croire en la résurrection de Lazare ? Est-ce la même chose que croire aux fantômes ou aux malheurs qu’annoncent les miroirs brisés ou les chats noirs ? Si on croit ce que tu dis, on a quelques raisons de ne pas t’estimer menteur. Mais, si on croit en toi, on n’a pas besoin de preuve pour penser que tu seras meilleur. Et si on croit seulement que dimanche il fera beau ou que le monastère de Khor Virab est situé près d’Erevan, c’est qu’on n’a pas assez d’éléments pour le savoir avec certitude. On le voit : c’est un véritable casse-tête que de définir ce que croire veut dire. Quand on croit, on peut être croyant ou crédule, avoir une croyance religieuse, morale ou superstitieuse, avoir la foi en l’Autre, en l’Homme, en la Science, attendre que les morts nous parlent ou que les tables tournent, tout gober, être dupe, se trouver en défaut de connaissance, espérer, faire confiance… Mais est-il possible de « ne pas croire » ? Que devrait-on apporter ou ôter à l’homme pour qu’il puisse, non pas ne croire en rien, ni croire tout et n’importe quoi, mais « ne plus croire » ? Et si un tel homme était seulement imaginable, que gagnerait-il à être sans croyance ?
#philomonaco
Hauser & Wirth Monaco.
Vendredi 10 décembre
Théâtre Princesse Grace
Conversation « Peut-on renouer avec la nature ? »
Présentée par Robert Maggiori
Avec Christian Godin, philosophe
Caroline Lejeune, politiste
Grégory Quenet, historien
La notion de «nature» a de telles arborescences de sens que les controverses naissent dès qu’on tente de la définir, et, en même temps, elle apparaît fixée par mille chevilles à l’histoire de la pensée, et inéliminable. La «nature» serait «tout ce qui est né» et «est là», l’ensemble des phénomènes, l’essence de quelque chose, mais on dit «naturel» ce qui n’est pas artificiel – sinon ce qui n’est pas «spirituel», quand en théologie le «naturel» est synonyme de «rationnel» – et on fait enfin référence à «sa nature propre» pour désigner quelque chose comme un instinct irrépressible. On parle de «nature humaine», mais on fait retour à la nature», et l’on s’y promène. On l’a tenue pour l’ensemble des ressources dont l’homme se voulait « maître et possesseur» – et de fait l’homme et ses techniques l’ont exploitée sans limites, jusqu’à la défigurer, en briser les équilibres, la détruire, en compromettre l’avenir. Dès lors ont été ravivés les mythes d’un retour romantique au «naturel», à une nature originelle et immaculée. Dès lors, surtout, est née la conscience d’un nécessaire dépassement de l’anthropocentrisme, s’est ouvert l’horizon d’une écologie intégrale dans laquelle l’homme assume la responsabilité de bâtir une relation de respect, de soin, de protection de la nature inerte et du vivant, de tous les vivants, humains et non-humains. Comment penser une telle relation aujourd’hui ?
#philomonaco
Présenté par Robert Maggiori.
Présenté par Robert MAGGIORI, philosophe membre fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco
Avec Eric FIAT, philosophe
Il est certes des « bonnes fatigues » – celles qui suivent, compensent et récompensent l’effort, qui permettent au corps et à l’esprit épuisés par le travail, l’excès de concentration ou le défi sportif de «se reprendre» et retrouver, renouvelées, leurs énergies. Chaque acte de la vie a sa fatigue propre et si l’on se fatigue de faire, d’en avoir trop fait, ou de n’avoir rien à faire, il existe aussi de «mauvaises fatigues», qu’aucune dépense d’énergie ne justifie: la fatigue d’être au monde, la nausée d’être là ou de pas être là où il faudrait être, le sentiment d’absurdité, ou cet épuisement de l’existence auquel réduisent le deuil, le désespoir, les caresses qu’on n’a pas reçues, les mots qu’on aurait aimé entendre, la solitude, la confiance trahie. Elles naissent du plus profond de l’âme de l’individu. Peuvent-elles être partagées ? Autrement dit, existe-il aussi des fatigues sociales, dans des communautés humaines confrontées à la kyrielle de crises, politiques, économiques, sanitaires, écologiques, qui minent leur présent et offusquent leur avenir même?
« Le philosophe et son guide. Mullâ Sadrâ et la religion philosophique », Christian Jambet, @Gallimard , 402 pp., 22€