L’homme est-il vraiment un « être-pour-la-mort », l’être qui se définit par cela même qu’il est le seul être à savoir qu’il va mourir ? Une large part de la philosophie l’a en effet pensé ainsi. Mais que changerait-on à la philosophie, et à la pensée en général, à la science, à la culture, si on envisageait l’homme comme le seul être qui sait qu’il né et qui doit sans cesse renaître, en lui-même et avec les autres, dans une infinie co-naissance ? Accoucher, dans ce cas, serait-il donner la vie ou, déjà, l’existence, à savoir la possibilité non pas d’être soi, réduit à son essence, mais de n’être soi qu’en naissant sans cesse à soi-même et à l’altérité ? A quelle dimension s’ouvrirait alors l’« être-femme », l’« être-qui-donne-naissance », qui met un être dans le monde et un monde dans un être ?
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Table ronde // Philosophie de la naissance. Ce que « mettre au monde » veut dire.
Chantal Birman, Isabelle Alfandary, Frédéric Spinhirny, Bruno Carbonne