La figure de l’enfant-roi est apparue dans les années 1970, et visait à contrer les théories et les pratiques qui réduisaient l’enfant à un «objet» sans désir ni parole. Appliquée dans les familles, les crèches, les écoles, les centres éducatifs, l’idée qu’on doive surtout écouter l’enfant et ne le contraindre en rien, a donné des résultats… discutables, et est aujourd’hui de nouveau questionnée.
S’il existe un enfant roi – comme existent des enfants-tyrans, qui prennent le contrôle de leur foyer, insultent leurs parents, frappent leurs frères et sœurs, menacent du pire pour obtenir ce qu’ils veulent et font vivre leur famille dans la peur – c’est qu’il y a des adultes qui le mettent à une place de roi, et acceptent d’être ses serviteurs. Mais à strictement parler, tout enfant naît roi, c’est-à-dire mu exclusivement par un principe de plaisir qui ne peut envisager de limite à sa toute-puissance et ne tolère aucune frustration. Le principe de réalité, l’introjection de la menace parentale, les interdits, viendront ensuite restreindre cette «royauté», et l’enfant devra «négocier», avec le désir des autres, avec ce que le réel permet, ce que la morale et les lois autorisent. Mais une telle négociation exige du doigté de la part des parents et des éducateurs: mal conduite, elle peut inhiber l’enfant et en faire un être «soumis», muet, ou, en contraire, en faire un être tyrannique qui «fait ce qu’il veut». Comment, dans ce cadre, faut-il penser l’autorité, parentale et sociale?