Avec la participation des élèves et des professeurs de philosophie de l’institution François d’Assise – Nicolas Barré et du Lycée Albert 1er de Monaco.
Si des deux élèves qui ont commis de concert la même bêtise, le maître n’en punissait qu’un, parce que l’autre est son neveu, il susciterait indignation et chacun verrait là une injustice. Mais existe-t-il vraiment un sentiment qui ferait reconnaître justice et injustice? Serait-il inné? Serait-il façonné par les valeurs sociales, et donc varierait selon les époques et les sociétés? La justice n’a-t-elle pas des traits plus objectivement déterminables? Ce qui est sûr, c’est que, dans toute l’histoire de la pensée, on s’est autant escrimé à la définir qu’à chercher des arguments qui montraient l’impossibilité de le faire. Désigne-t-elle la conformité d’un comportement, d’une prescription, d’un ordre, à une norme? Mais sur quel critères d’évaluation – attenant à la morale, au droit, à la politique, à l’économie, etc. – une telle norme peut-elle être à son tour dite juste? Et parle-ton de la même « justice » selon que celle-ci intervient dans les relations inter-subjectives, relevant du droit privé ou du droit public, dans les mode de constitution et de fonctionnement des institutions, dans la légitimation des décisions de la sphère privée ou politique, dans l’évaluation du rapport de production et de distribution des richesses? Un monde sans justice ne serait pas possible cependant: aussi, bien qu’elle soit un casse-tête, faut-il que sans cesse la pensée lui donne sens.