Jeudi 13 janvier 2022
Lycée HÎtelier et Technique de Monaco
Conversation présentée par Robert Maggiori
Avec Laurent Cordonier, sociologue
Camille Riquier, philosophe
Si les miracles existent, dit Pascal, Dieu existe. Si les miracles existent, lui fait Ă©cho Spinoza, Dieu nâexiste pas. Quâest-ce que cela signifie, exactement, « croire en Dieu » ? Cette croyance est-elle identique Ă celle qui fait croire en la rĂ©surrection de Lazare ? Est-ce la mĂȘme chose que croire aux fantĂŽmes ou aux malheurs quâannoncent les miroirs brisĂ©s ou les chats noirs ? Si on croit ce que tu dis, on a quelques raisons de ne pas tâestimer menteur. Mais, si on croit en toi, on nâa pas besoin de preuve pour penser que tu seras meilleur. Et si on croit seulement que dimanche il fera beau ou que le monastĂšre de Khor Virab est situĂ© prĂšs dâErevan, câest quâon nâa pas assez dâĂ©lĂ©ments pour le savoir avec certitude. On le voit : câest un vĂ©ritable casse-tĂȘte que de dĂ©finir ce que croire veut dire. Quand on croit, on peut ĂȘtre croyant ou crĂ©dule, avoir une croyance religieuse, morale ou superstitieuse, avoir la foi en lâAutre, en lâHomme, en la Science, attendre que les morts nous parlent ou que les tables tournent, tout gober, ĂȘtre dupe, se trouver en dĂ©faut de connaissance, espĂ©rer, faire confiance⊠Mais est-il possible de « ne pas croire » ? Que devrait-on apporter ou ĂŽter Ă lâhomme pour quâil puisse, non pas ne croire en rien, ni croire tout et nâimporte quoi, mais « ne plus croire » ? Et si un tel homme Ă©tait seulement imaginable, que gagnerait-il Ă ĂȘtre sans croyance ?
#philomonaco