Le nouveau régime climatique qui s’est déjà installé sous toutes les latitudes, fait de l’habitabilité même de la planète une question cruciale. Celle-ci implique que la transition écologique doit nécessairement être placée au centre de tout projet d’aménagement, d’adaptation ou de transformation de la démocratie, de telle sorte que son « coût » – économique, social, moral, psychologique, esthétique même – ne soit pas payé prioritairement par ceux qui en ont le moins, ni n’aille au profit de ceux qui ont plus et qui défendent le système même, d’où les désastres environnementaux découlent. Toute politique écologique doit cependant compter non seulement avec le constat et le poids des faits, mais également avec des « réalités » moins perceptibles, à savoir les mentalités, la prégnance de l’imaginaire, la puissance des « opinions ». Autrement dit, activer et accélérer la transition écologique, la transformer en politique exige de prendre en considération le fait que les acteurs sociaux, pour ne pas dire les gens, d’un côté savent que la terre risque d’être inhabitable si on ne freine pas les dommages que l’humanité lui inflige, mais de l’autre, ne le croient pas, ne croient pas que cela puisse être possible, n’arrivent pas même à imaginer qu’un jour la terre ne puisse plus être l’hôte qui accueille l’humanité. Comment jouer sur les deux tableaux ?