Déjeuner-philo et rencontre avec les cinq finalistes du Prix 2023

Cet événement est intégré au cycle « Semaine PhiloMonaco 2023 »

Présenté par Robert Maggiori, Président du Jury

Un déjeuner-philo et rencontre avec les cinq auteurs des ouvrages finalistes du Prix 2023 des Rencontres Philosophiques de Monaco.  
En association avec la Médiathèque et présenté par Robert Maggiori, président du Jury, philosophe, critique littéraire et membre fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco.

Le lauréat sera annoncé le soir-même lors de la Soirée de Remise des Prix à 20h au Théâtre Princesse Grace.

La Soirée de Remise des Prix est ouverte à tous.

Les auteurs seront disponibles pour une séance de signatures à l’issue de la présentation de leurs ouvrages.

Avec

Olivier ABEL

De l’humiliation. Le nouveau poison de notre société, (Les liens qui libèrent, 2022)

L’humiliation est partout dans nos vies et elle est devenue le cœur sombre de nos sociétés. Elle offense et ridiculise, envenime la violence et l’injustice, et génère le ressentiment. Et pourtant, nous y sommes le plus souvent insensibles, et muets.

L’humiliation fait taire le sujet parlant, elle ruine la confiance, l’estime et le respect de soi. Elle dévaste durablement les circuits de la reconnaissance, de manière démesurée. Elle s’attaque d’abord à ceux qui ne sont pas considérés comme pleinement citoyens, aux minorités langagières, religieuses, raciales, sexuelles, sociales, etc. Mais on peut aussi être humilié par les objets, les formes de l’architecture, les formes de l’imaginaire marchand, les publicités, les formulaires administratifs…

Une part majeure de notre vie politique semble se décider sur ces sentiments sombres attisés par les réseaux sociaux, qui disent des réalités vécues. Il est urgent d’imaginer ce que serait une société où l’on aurait appris à déjouer au mieux l’humiliation, tant dans nos institutions communes que dans nos vies ordinaires. Pourquoi ne pas essayer de mettre en œuvre une société moins humiliante ? C’est possible, c’est vital, faisons-le.

 

Annabelle BONNET

La barbe ne fait pas le philosophe. Les femmes et la philosophie en France (1880-1949), (CNRS Éditions, 2022)

 

« Femme, être incomplet et condamné à une éternelle enfance, tu prétends t’élever à la philosophie ! Quel aveuglement est le tien ? » Les mots de Victor Cousin, personnage clé de l’institutionnalisation de la philosophie en France au XIXe siècle, donnent le ton. La IIIe République perpétue cette politique d’exclusion : tandis que la philosophie est élevée au rang de couronnement des études secondaires et de pratique culturelle républicaine par excellence, chargée de suppléer la religion dans l’organisation morale de la société, elle se trouve exclue par la loi des cours prodigués aux jeunes filles.

Qu’est-ce donc qu’être philosophe en France entre 1880 et 1949 ? C’est d’abord et avant tout porter une barbe : être un homme. Pourtant, Plutarque défiait déjà quiconque de mesurer la sagesse du penseur à la longueur de son poil… Cette situation n’est pas sans susciter des rébellions, des transgressions, parfois des travestissements – et, ainsi, des évolutions.

Mêlant combats individuels et collectifs, cette enquête novatrice révèle un pan de l’histoire des femmes aux XIXe et XXe siècles et fait ressortir une galerie de femmes philosophes qui s’affirment en dépit des obstacles : de Jenny d’Héricourt et Julie Favre jusqu’à Dina Dreyfus et Simone de Beauvoir, en passant par Jeanne Crouzet, Julie Hasdeu, Clémence Royer, Jeanne Baudry, Léontine Zanta, Alice Steriad, Lucy Prenant, Hélène Metzger, Renée Déjean, Yvonne Picard, Simone Weil ou Marguerite Buffard Flavien.

 

Jean-Baptiste BRENET

Que veut dire penser ? Arabes et latins, (Bibliothèque Rivages, 2022)

La modernité européenne prétend s’ouvrir avec Descartes et sa déclinaison d’un cogito qui paraît tout englober. Cela pourtant n’eut lieu que par recouvrement de ce que les siècles précédents, qui virent naître la figure de l’intellectuel, avaient produit en arabe et en latin. Qu’y a-t-il de bouleversant – gelé par l’oubli, et donc neuf – dans ce que les médiévaux ont pu soutenir de la pensée ? C’est ce qu’on cherche ici, en variant librement les entrées. Car la pensée est plurielle. Si l’intellect est pour Aristote comme la main, instrument d’instruments, la pensée l’est aussi. Penser est une main, un outil fait d’outils, un mot rempli de mots. L’homme n’est pas l’être sans œuvre, il est celui dont l’acte n’a pas qu’un nom, l’animal dont l’œuvre propre est innommable autrement que dans la multiplicité. Voici par conséquent une sorte de lexique, certains repères d’une carte mentale où se profile, dans les connexions, ce que penser peut signifier.

 

Guillaume LE BLANC

La solidarité des éprouvés. Une histoire politique de la pauvreté(Payot, 2022)

LES VIES PAUVRES NE SONT PAS DE PAUVRES VIES.

On a trop tendance à plaquer sur les vies pauvres la grille de l’homme économique et, en les appréhendant seulement à partir de l’aisance matérielle, du travail et des loisirs, à n’y voir ainsi que des vies en défaut, des vies de manque.

Il y a urgence à constituer une histoire de la pauvreté en tant que telle et non, comme trop souvent, à se contenter d’une construction de pensée établie par les riches pour éteindre toute volonté de contestation par les pauvres de l’ordre social établi. Il n’est plus question ici de ne penser la pauvreté qu’en termes de gouvernement des pauvres dans un scénario alternant guerres contre la pauvreté et guerres contre les pauvres. Au contraire, par le style de vie qu’elle porte, la pauvreté doit être requalifiée et, avec elle, les pauvres eux-mêmes, puisqu’ils sont aujourd’hui les seuls à même de nous montrer le chemin de la sobriété, seul avenir possible pour l’humanité.

 

Susan NEIMAN

« Penser le mal. Une autre histoire de la philosophie », (Premier parallèle, 2022)

 

Un monde qui tolère le Mal peut-il avoir un sens ? Cette question que pose la présence du mal dans nos existences n’est pas une question philosophique comme les autres. Elle est littéralement au cœur de nos vies. Elle est aussi, comme Susan Neiman le montre dans ces pages, « la racine par laquelle la philosophie a poussé ». S’intéresser aux réponses qui y ont été apportées au fil du temps, c’est comprendre l’histoire de notre modernité et des idées qui nous façonnent de manière profondément intime.

Lorsqu’en 1755 Lisbonne est détruite par un tremblement de terre, l’événement provoque une onde de choc parmi les philosophes européens. Ce que l’on qualifierait aujourd’hui de catastrophe naturelle est considéré comme l’incarnation du mal. Deux siècles plus tard, la découverte des camps de la mort nazis agit comme une dévastation conceptuelle : la plupart des philosophes s’accordent à dire que nous manquons de ressources conceptuelles pour aller au-delà du témoignage. De « mal naturel », le mal est devenu « mal moral » ; une bascule a eu lieu. Penser le mal fait le récit de cette bascule.

Pour Susan Neiman, la philosophie n’est pas affaire de spécialistes ; elle doit poser des questions universellement partagées. Un monde dans lequel des innocents souffrent peut-il avoir un sens ? Si la question du mal est éminemment philosophique, c’est qu’elle n’est pas seulement morale : elle interroge l’intelligibilité du monde.

En retraçant la manière dont les philosophes modernes – depuis Bayle et Voltaire jusqu’à Arendt et Rawls, en passant par Hegel et Nietzsche – ont répondu à ces questions, Neiman retourne aux racines du questionnement et de l’émerveillement philosophiques. Et nous offre une œuvre extrêmement originale et généreuse.

 

Intervenants

Robert Maggiori

Membre fondateur / Philosophe

Robert Maggiori est philosophe, traducteur, journaliste, critique littéraire et philosophique (Libération). Il a publié plus d’un millier d’articles, dont des…

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Olivier Abel

Philosophe

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Guillaume Le Blanc est philosophe et professeur de philosophie. Son travail porte essentiellement sur la question de la « critique…

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Susan Neiman

Philosophe

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