10H-11H30Â
Table ronde â « Dans quel Ă©tat sommes-nous ? »
En association avec le Centre Hospitalier Princesse Grace et la Chaire de philosophie Ă lâhĂŽpital
Présenté par Robert MAGGIORI, membre fondateur
Avec                         Â
Cynthia FLEURY, philosophe
Claire MARIN, philosophe
Dr Valérie AUBIN, Chef du service de psychiatrie du CHPG
On parle si couramment de corps social, quâon nâaperçoit plus guĂšre lâĂ©trangetĂ© quâil y a appliquer Ă la sociĂ©tĂ© – qui aurait en plus une «ùme» (psychĂ©) – des notions issues de la biologie, de la mĂ©decine, de la psychologie, voire de la psychanalyse ou de la psychiatrie. Aussi cite-t-on les malaises sociaux, Ă©voque-t-on des sociĂ©tĂ©s «traumatisĂ©es», en bonne ou mauvaise santĂ©, en «crise de croissance», en dĂ©pressionâŠ
Au demeurant, il nây a lĂ rien de grave – Ă ceci prĂšs quâune telle psychologisation laisse entendre que, de mĂȘme que les maladies qui frappent les individus arrivent «objectivement», sans que personne ne lâait voulu, de mĂȘme les maux qui atteignent les sociĂ©tĂ©s ne sont de la responsabilitĂ© de personne. Il serait nĂ©anmoins absurde de soutenir que la façon dont les individus entendent mener leur vie, ou sont empĂȘchĂ©s de le faire, nâinfluerait en rien sur la nature et les formes que tour Ă tour prend une sociĂ©tĂ©. Et que les conflits qui agitent une sociĂ©tĂ©, les valeurs quâelle produit ou les idĂ©aux quâelle poursuit, son aptitude ou son inaptitude Ă garantir sĂ©curitĂ©, libertĂ©, justice et solidaritĂ©, nâauraient aucun impact sur la façon dont les individus vivent, souffrent, sont heureux ou tirent le diable par la queue. En quel sens peut-on cependant dire que la sociĂ©té crĂ©e des souffrances psychiques, et, Ă lâinverse, que lâĂ©tat psychologique dans lequel se trouve une majoritĂ© dâindividus modifie les formes de socialitĂ©? Si la crise sanitaire, Ă©conomique, sociale, psychique, force Ă se demander «dans quel Ă©tat sommes-nous?», saura-t-on dire qui est ce «nous» et dĂ©couvrir ce dont il souffre?