Prix des Rencontres Philosophiques 2018
Le prix
Le complexe des trois singes
Le Seuil
Quelque chose a changĂ© dans notre rapport aux animaux. La « cause animale » est Ă lâordre du jour, et le vivant humain est dĂ©sormais plus essentiellement animal quâhumain. Cela sâappelle un zoocentrisme : au centre de notre humanitĂ©, lâanimalitĂ©.
En apparence, nous avons tout Ă gagner Ă cette nouvelle image de lâhomme. Elle nous vient de la biologie de lâĂ©volution, qui nous a situĂ©s, quelque part dans lâordre des primates, en bonne compagnie avec nos cousins les grands singes. Elle est aussi un appel Ă rĂ©former et Ă moraliser nos relations avec les animaux que nous exploitons : on respecte dâautant mieux qui nous ressemble. Enfin lâanimalitĂ© humaine fait de nous des esprits forts, qui ont su en finir avec les dualismes et les grands partages mĂ©taphysiques dâantan. Bref : câest Ă tous Ă©gards une pensĂ©e progressiste, car ouverte Ă la science, gĂ©nĂ©reuse envers les animaux, et philosophiquement Ă©clairĂ©e. Il se pourrait pourtant que ces raisons dâen finir avec la diffĂ©rence homme-animal ne soient quâun ensemble de pensĂ©es bancales qui, entre oubli des sciences humaines, rĂ©duction de la vie humaine Ă sa seule vulnĂ©rabilitĂ© et dĂ©ni de ce que nous vivons en premiĂšre personne, composent finalement le portrait idĂ©ologique dâun progressisme stĂ©rile.
Pouvons-nous échapper au « complexe des trois singes », ces trois façons de méconnaßtre ce que nous vivons et faisons comme vivants humains ? Et pouvons-nous imaginer un progressisme de vérité conscient de tout ce que nous devons aux animaux sans pour autant renier ce que nous sommes ?
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La fin de l’hospitalitĂ©
co-dirigé avec Fabienne BrugÚres, Flammarion, 2017

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