Prix de la Principauté 2024

Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres pour ses contributions à l’éducation et à la philosophie, lauréat du Prix Édouard-Glissant pour

 l’ensemble de son œuvre (2011) et du prix Saint-Simon pour Le Fagot de ma mémoire

(2021), Souleymane Bachir Diagne figure dans une sélection des «25 grands penseurs du monde entier» et des «100 personnalités qui font l’Afrique». C’est en effet l’un des plus notables philosophes contemporains que nous avons voulu honorer ce soir. Dans Le Fagot de ma mémoire, il retrace son itinéraire, qui le voit naître à Saint Louis du Sénégal, être «éduqué dans l’idée d’un islam à la fois rationnel et soufi», étudier au lycée Van Vollenhoven de Dakar, puis faire son hypokhâgne et sa khâgne au lycée Louis-Le-Grand de Paris (dans les traces, presque cinquante après, de son compatriote Léopold Sédar Senghor), intégrer l’Ecole normale supérieure, où il suit les cours de Louis Althusser et de Jacques Derrida, obtenir sa licence, sa maîtrise puis soutenir, sous la direction de Jean-Toussaint Desanti, sa thèse de doctorat de 3 cycle: « De l’algèbre numérique à l’algèbre de la logique », avant d’aller enseigner l’«Histoire de la philosophie dans le monde islamique» à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, puis revenir à l’université Panthéon-Sorbonne pour soutenir sa thèse de doctorat d’État en 1988, toujours sous la direction de Jean-Toussaint Desanti: «Philosophie symbolique et algèbre de logique: les lois de la pensée de George Boole». 

Comme ancien vice-doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Souleymane Bachir Diagne est nommé en 1993 conseiller pour l’éducation et la culture par le président de la République du Sénégal Abdou Diouf, poste qu’il occupe jusqu’en 1999.

Son chemin le conduit ensuite aux Etats Unis: il enseigne pendant plusieurs années à l’université Northwestern d’Evanston (Illinois), et, en 2008, est nommé professeur aux départements de français et de philosophie de l’université Columbia de New York, où il demeure encore aujourd’hui. Mais le Sénégal n’est jamais loin: en 2013, Bachir Diagne est appelé à diriger la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal, qui préconise une réforme ambitieuse du système universitaire, réorienté vers les sciences, le numérique et les technologies.