C’est, d’emblée, une voix. Une voix qui soulève le sable, traverse le feu, transperce la nuit, franchit en souveraine des continents de sentiments. Après un premier tour de piste en 2018 – six titres en français et en espagnol, dont le magnétique Le Monde s’est dédoublé – Clara YSÉ s’avance en pleine lumière, à pleine puissance, avec Oceano Nox, premier album à la grande audace, écrit et composé par elle, coréalisé avec Ambroise Willaume (Sage), mixé par Renaud Letang et porté avec nombreux musiciens, textures électronique et choeur au diapason. Depuis l’enfance, elle joue et chante, un violon entre les mains puis éduquée au chant à huit ans, avant de tracer une route parallèle vers l’écriture et la chanson. Longtemps, Clara YSÉ a laissé la musique en liberté, sans la capturer dans un studio, organisant des fêtes qui terminaient en impros musicales, à l’aube. Les choeurs de Pyromanes ou de Souveraines viennent de là, voix qui l’accompagnent depuis toujours, et certains des musiciens – joueurs de duduk, cuivres ou violoncelle – ont également vécu ces partages de minuit. Ce premier album est d’abord celui d’une désirante, dit-elle. Elle aime les novateurs, de Rosalia à Björk en passant par Kendrick Lamar, les chanteuses qui allient fragilité et force comme Lole Montoya, Janis Joplin, Mercedes Sosa, Nina Hagen. Elle confronte sa voix à une modernité novatrice, jouant autant avec ses producteurs à mêler des synthés aux textures irisantes, des rythmiques électroniques empruntant au reggaeton, qu’à s’approprier certains codes du rébétiko grec. Vulnérable mais puissante, solide et pourtant insaisissable, elle pénètre dans la chanson française avec l’éclat des grandes conquérantes.
Clara YSÉ a également publié un premier roman « Mise à feu » (Grasset 2021) .
