L’art du combat

L’art de la guerre, en fin de compte, sert la guerre et la mort. L’art du combat est art, et ne tue guère. Il y a lutte dans le judo, la boxe, le kendō, l’escrime ou le taekwondo, il y a percussion, préhension, immobilisation, armes – mais l’art, les règles, la régulation des coups, les breaks, le contrôle des mouvements, le fair-play, le respect de l’adversaire, font que l’escrime n’est pas le duel, ni la boxe une bagarre de rue. Tous les sports ont à voir avec le jeu (à la fois play et game), le travail (l’effort, l’entraînement, la musculation, la préparation psychologique…), la guerre (compétition), et l’art (esthétisation des gestes, qui crée à la fois la beauté et accroît l’efficience, la performativité), et chaque sport contient ces trois facteurs selon des dosages différents. C’est pourquoi ils sont tous « maîtres de vie » : parce que chaque exercice sportif est une sorte de « leçon » offerte à tous, sur la manière de combattre (pour défendre nos idées par exemple) et débattre sans se battre par coups mortels, la façon de contrôler nos passions et pulsions, de conjoindre ma liberté à celle des autres (dans les sports d’équipe), de me « relever » après une défaite, de m’entraîner chaque jour à être non « plus fort », mais « meilleur », c’est-à-dire plus enclin au respect des autres, à la générosité, à la solidarité.