La difficulté de dire et de faire entendre la vérité

Conversations

1 – Femmes

Présenté par Laurence Joseph, psychologue et psychanalyste

Avec Florence Askenazy, psychiatre et professeure de psychiatrie

2 – Soin

Présenté par Robert Maggiori, philosophe

Avec Flora Bastiani, philosophe

Dr. Jean-François Ciais, Chef de Service de Soins de Support et Soins Palliatifs du CHPG

3 – Écologie

Présenté par Robert Maggiori, philosophe

Avec Catherine Larrère, philosophe

Olivier Wenden, Vice-Président et Administrateur Délégué, Fondation Prince Albert II de Monaco

Quand la vérité «éclate», elle le fait non comme fusil qui vise une cible, mais comme un engin de terreur, qui, aveugle, explose tous azimuts, frappant tout le monde de ses éclats – une famille, une foule, une communauté, une société. C’est pourquoi, difficile à dire quand son détenteur en sait l’importance et évalue bien les conséquence de son dévoilement, la vérité est encore plus difficile à entendre, lorsqu’elle balaie tout ce à quoi on croyait et tout ce avec quoi on avait construit son existence. En ce sens, la difficulté de dire la vérité décroît si sa révélation s’accompagne de la conscience que la personne (ou le groupe, la communauté…) qui la reçoit est «armé» pour la recevoir, c’est à dire est capable d’intégrer les éléments révélés dans la construction de sa propre vie (ses valeurs, ses perspectives, ses espoirs…) ou celle du groupe concerné. La difficulté apparaît plus grande au contraire quand la vérité – ou la réalité d’un fait, une trahison, une maltraitance, une humiliation… – «ne peut pas» être entendue parce que cette capacité fait défaut: c’est le cas de l’enfant par exemple, qui pourrait ne pas avoir la force intellectuelle ou la résistance émotionnelle pour «entendre» et assimiler l’annonce du divorce imminent de ses parents ou de la disparition d’un camarade de classe; le cas d’une femme qui subit des violences qu’elle n’arrive ni à avouer ni à dénoncer parce que l’emprise subie maintient encore une part d’attachement, ou parce qu’elle ne parvient pas à faire que la honte champ de camp; le cas d’un individu à peine inquiet de quelques troubles de son comportement qui découvre le diagnostic d’une sérieuse maladie mentale; le cas d’une personne dont la vie est précaire et le psychisme vulnérable, à qui un médecin doit révéler une maladie cancéreuse, ou encore le cas d’un patient en soins palliatifs, qui se trouve dans l’impossibilité d’inscrire ce qu’on peut lui dire dans une temporalité, le futur des projets. La vérité serait-elle comme le soleil, qu’on ne peut «regarder en face»?

Intervenants

Laurence Joseph

Psychologue et psychanalyste

Laurence Joseph est psychanalyste et psychologue clinicienne à Paris. Elle est attachée à l’Institut Hospitalier de Psychanalyse (IHP) de l’Hôpital Sainte-Anne,…

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Florence Askenazy

Psychiatre et professeure de psychiatrie

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Flora Bastiani

Philosophe

Flora Bastiani est maîtresse de conférences HDR en éthique de la santé au département de philosophie de l'Université Toulouse II.…

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Docteur en médecine, médecin généraliste puis anesthésiste-réanimateur de formation, diplômé en Soins palliatifs, Jean-François Ciais est Chef du Service de…

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Robert Maggiori

Membre fondateur / Philosophe

Robert Maggiori est philosophe, traducteur, journaliste, critique littéraire et philosophique (Libération). Il a publié plus d’un millier d’articles, dont des…

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