Vendredi 10 décembre
Théâtre Princesse Grace
Conversation
18h – 20h
Peut-on renouer avec la nature ?
Présentée par Robert Maggiori
Avec
Christian Godin, philosophe
Caroline Lejeune, politiste
Grégory Quenet, historien
La notion de «nature» a de telles arborescences de sens que les controverses naissent dès qu’on tente de la définir, et, en même temps, elle apparaît fixée par mille chevilles à l’histoire de la pensée, et inéliminable. La «nature» serait «tout ce qui est né» et «est là», l’ensemble des phénomènes, l’essence de quelque chose, mais on dit «naturel» ce qui n’est pas artificiel – sinon ce qui n’est pas «spirituel», quand en théologie le «naturel» est synonyme de «rationnel» – et on fait enfin référence à «sa nature propre» pour désigner quelque chose comme un instinct irrépressible. On parle de «nature humaine», mais on fait retour à la nature», et l’on s’y promène. On l’a tenue pour l’ensemble des ressources dont l’homme se voulait « maître et possesseur» – et de fait l’homme et ses techniques l’ont exploitée sans limites, jusqu’à la défigurer, en briser les équilibres, la détruire, en compromettre l’avenir. Dès lors ont été ravivés les mythes d’un retour romantique au «naturel», à une nature originelle et immaculée. Dès lors, surtout, est née la conscience d’un nécessaire dépassement de l’anthropocentrisme, s’est ouvert l’horizon d’une écologie intégrale dans laquelle l’homme assume la responsabilité de bâtir une relation de respect, de soin, de protection de la nature inerte et du vivant, de tous les vivants, humains et non-humains. Comment penser une telle relation aujourd’hui ?