Les origines de la violence // Frédéric Gros

Philo Blog

On sait trop combien déjà la violence humaine intraspécifique est désespérément létale (crimes, guerres). Aucune butée décisive, aucune retenue instinctive n’est inscrite au point de bloquer le geste qui tuerait. D’autre part, l’enracinement vital de la violence peut donner facilement l’occasion d’un montage idéologique justificateur. On peut ici penser au darwinisme social (les thèses d’Herbert Spencer). Il s’agit de faire cette fois de l’agressivité un signe de vitalité en la reconsidérant sous le signe de la combativité. Le but n’est plus seulement de conserver la vie, mais de la déployer dans toute son intensité. Et l’agressivité devient la manifestation d’une puissance positive de la vie. On voit vite quelles dichotomies dangereuses seront extraites de ces thèses : la guerre comme signe de la santé des peuples – tout peuple pacifique serait dégénéré ; la violence sociale (et les inégalités) comme sélection naturelle, partage entre des individus faibles, inaptes et des individus supérieurs (…)

 

Frédéric Gros, « Les origines de la violence », La violence, Les Rencontres Philosophiques de Monaco, 2018, p.31

 

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