Sortir de la violence // Jean-Claude Monod

Comment sortir de la violence ? Cette question suggeÌre que la violence, le plus souvent, nâest pas un pheÌnomeÌne ponctuel, isoleÌ ; certes, parfois, la violence paraiÌt surgir de nulle part, comme le camion fou de la promenade des Anglais ; mais la violence est souvent le fruit â parfois indirect, complexe, retardeÌ â dâeÌveÌnements ou dâactes violents anteÌrieurs ; et elle participe souvent dâun cycle de violences, ou ce quâon deÌsigne parfois comme une spirale de la violence.
AÌ la question « comment sortir de la violence ? », je crois quâon pourrait apporter trois reÌponses qui sont, en fait, de mauvaises reÌponses, des reÌponses qui supposent ou cherchent un eÌtat des choses totalement deÌbarrasseÌ de la violence ; et cette perspective dâune sortie totale de la violence est sans doute voueÌe soit aÌ lâillusion, soit meÌme, paradoxalement, aÌ se renverser, aÌ donner lieu aÌ une (treÌs) grande violence. Ces â fausses â sorties totales de la violence, jâen vois trois variantes : la premieÌre, ce serait lâideÌe dâune reÌpression totale de la violence, câest-aÌ-dire aussi bien des « germes » de violence, des « graines » de la violence, du deÌsir de violence dans lâhumaniteÌ ; la seconde, ce serait lâideÌe dâun deÌpassement absolu de la violence, qui nous ferait acceÌder â aÌ travers un eÌveÌnement ou un processus, par le biais dâune reÌvolution ou dâune transformation en profondeur de lâhumaniteÌ â aÌ une humaniteÌ supeÌrieure, dâouÌ la violence aurait disparu ; la troisieÌme, ce serait un refus inconditionnel, absolu, de la violence (…)
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