Si le langage est le moyen privilĂ©giĂ© pour dĂ©jouer, voire freiner ou contrecarrer les conflits, les discordes et les mĂ©sententes qui peuvent souvent dĂ©gĂ©nĂ©rer en manifestations de violence rĂ©elles, il peut aussi attiser et provoque des violences tout aussi brutales. Il dĂ©clenche en effet des situations dâinextricables barbaries oĂč les hommes se trouvent pris dans des luttes de pouvoir excitĂ©es par des volontĂ©s aiguĂ«s de domination. De lâinsulte Ă la mĂ©disance, du mensonge Ă la manipulation, du dĂ©nigrement Ă lâindiffĂ©rence, le langage peut sâavĂ©rer ĂȘtre le théùtre non pas dâune rencontre mais dâune violente stratĂ©gie dâexclusion, dâostracisme et de rejet de lâautre. En quoi et comment la pensĂ©e philosophique peut-elle empĂȘcher le langage de sombrer dans de tels effets, capables, Ă eux seuls, de miner le tissu de nos rapports personnels et publics ?