Le philosophe erre dans le monde. S’exposant aux événements qui y surviennent, il cherche à y déceler une piste afin de les interpréter, et ainsi se met à inventer une certaine trajectoire qui, loin de l’abstraire du réel, lui ouvre les voies lui permettant d’y cheminer. Mais ce cheminement n’est jamais sûr et assuré, prédéterminé ou tout tracé. Il est bien plutôt jalonné de questionnements et de doutes, façonné d’interrogations et d’hypothèses, traversé par de multiples possibles et ouvert sur différentes orientations. Ainsi, il se dessine lentement et patiemment, il s’esquisse, à la fois, par percées de réflexion et par éclats d’imagination. Or à même cette errance et engagé dans ce cheminement fait d’incertitudes et de conjectures, clairsemé de soupçon tout autant que de désir, le philosophe rêve aussi de voir poindre, à l’horizon de sa pensée errante, un lieu.
Posons ainsi la question : quels lieux la philosophie peut-elle construire ? Ou encore, quel lieu pourrait l’accueillir, et l’animer, l’éveiller, voire la transmettre et la léguer aux générations futures ? Et que signifierait, pour le philosophe, séjourner ou habiter en un lieu ? Faire d’un lieu l’espace depuis lequel il pourrait bâtir l’édifice d’où la philosophie pourrait recevoir tout autant que donner ? Faire d’un lieu quelque chose comme sa maison ?
Présenté par Joseph Cohen.