Le temps // L’irréversible et la nostalgie : Cynthia Fleury – Temps et conscience

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L’être humain recèle toujours une certaine nostalgie. Et sans doute cette expérience de la nostalgie est-elle, avec l’émerveillement, la source du philosopher. En quoi consiste-t-elle, la nostalgie ? En l’appel d’un passé révolu ou d’un lieu perdu. Or cet appel n’émane pas d’un passé ou d’un lieu vers lequel l’être humain n’aurait qu’à retourner afin de s’y installer ou s’y cloîtrer au détriment de son présent. Cette interpellation, comme le remarquait Novalis, engage l’être humain à voir au cœur du présent se révéler la pleine conscience du temps, et donc l’irréversibilité essentielle de la temporalité. Pleine conscience du temps au cœur du présent, la nostalgie n’est ainsi jamais le retour à ce qui aura été oublié, à la terre natale que l’on aurait quittée ou à l’enfance perdue. Bien plutôt, la nostalgie, cette « douleur que pose la proximité du lointain », pour reprendre ici la phrase de Heidegger, si elle nous expose à une certaine expérience du retour, nous fait se retourner vers une autre terre que celle que nous aurions quittée, une autre enfance que celle que nous aurions vécue, et nous engage à une autre remémoration que la représentation de ce qui aurait été oublié. La nostalgie, justement parce que le temps a et est passé, nous plonge dans la constatation que l’instant vécu au présent, on ne le vivra jamais plus. On le vit pleinement et en le vivant, il passe aussi hors du présent pour se conjuguer au passé. C’est pourquoi l’instant vécu, même s’il passe et se voit dépassé, n’est jamais entièrement perdu. Il vient habiter la mémoire, là où la réminiscence peut toujours rappeler le passé au présent dans l’expérience du souvenir. Mais est-ce là une chance ou un malheur ? Une richesse ou un tourment ? L’être humain, pris dans l’invariabilité irréversible du temps, se voit-il condamné à vivre dans la douleur du temps passé ou alors celle-ci peut-elle le projeter vers ce qu’il a à être ? Et si oui, comment ? À partir de quel temps la pensée philosophique ouvre-t-elle à la possibilité pour l’humain de constituer une idée d’humanité capable d’incarner à la fois une conscience du passé historique tout en l’orientant vers un avenir ?

Présenté par Robert Maggiori.

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