Manuella De Luca est psychiatre à l’Institut Marcel Rivière responsable du pôle adolescent et jeunes adultes, et professeur associé à l’Institut de psychologie de l’université Paris-Descartes. Spécialisée dans l’expérience adolescente, elle a écrit plusieurs ouvrages et co-dirige la revue Adolescence.
Participations
Évènement
CONFÉRENCE // ADOLESCENCES
Médiathèque
Blog
Vidéo
Conférence // Adolescences
Bibliographie

Des névroses aux états limites
Armand colin
S’appuyant sur la psychologie clinique, la psychopathologie, la psychanalyse et la psychiatrie, ce manuel présente les structures de la vie psychique. Revenant sur la tripartition proposée par Freud (névroses, psychoses, perversions), il insiste plus particulièrement sur l’articulation entre les névroses et les états limites.
La confrontation des deux entités autorise à déchiffrer des frontières communes et des chevauchements. Cette grille de lecture originale permet d’appréhender d’une autre manière la psychopathologie actuelle, notamment la question de la perte, du deuil, des dépressions, des angoisses relationnelles, des états de détresse, de l’Œdipe, des échecs face au succès, du narcissisme.
L’ouvrage s’intéresse également aux prises en charge, dans leur diversité, pour proposer des pistes dans la relation thérapeutique.
ISBN : 9782200287283
Lien vers l'éditeur
L’imprĂ©visibilitĂ© dans le couple et la famille
Érès
Depuis quelques années, l’imprévu ne cesse de s’inviter dans l’actualité. Que ce soit dans le domaine politique, social ou écologique, nous sommes forcés de reconnaître que nous ne pouvons pas tout prévoir, loin de là . L’imprévisibilité se manifeste de bien des façons dans le couple et la famille mais aussi dans toute relation thérapeutique : grossesse non programmée, comportement aberrant d’un adolescent jusque-là sans histoire, découverte d’une liaison, thérapie arrêtée brusquement… Les patients espèrent souvent que le thérapeute fournira au couple ou à la famille le mode d’emploi qui évitera l’imprévu. On voudrait se protéger, tout maîtriser, tout prévoir. Fort heureusement, la relation, dans sa dimension subjective, échappe toujours à ces limites, elle ne cesse de surprendre. Le thérapeute aussi doit assumer l’imprévu, en acceptant de travailler sans prévoir et sans comprendre alors que les patients imaginent souvent qu’il sait d’avance ce qui va se passer dans la relation.
Dialogue se propose ici d’interroger les notions d’imprévu et d’imprévisibilité, leur nature et leur rapport à la temporalité, la manière dont elles s’expriment – violente ou insidieuse – et surtout leur fonction au sein du couple, de la famille et dans les thérapies. L’imprévu était-il toujours imprévisible ? Trop souvent vécu comme anxiogène, il peut cependant être source de création pour chacun des participants.
ISBN : 9782749263205
Lien vers l'éditeur
Les troubles du registre obsessionnel chez l’enfant et l’adolescent
Érès
La question de la névrose se pose encore aujourd’hui, en dépit des apparences : en effet, masqué le plus souvent par les troubles plus actuels, ou escamoté par la disparition du terme de névrose dans le DSM, le fonctionnement névrotique n’en continue pas moins à exister. Dans ce domaine, les troubles du registre obsessionnel, chez l’enfant et l’adolescent, posent avec une acuité particulière la question du diagnostic différentiel – étroitement associée à celle du pronostic.
Quels fonctionnements psychiques, quelles organisations psychopathologiques trouve-t-on derrière les manifestations du registre obsessionnel, aujourd’hui décrites en termes de TOC ? Quel devenir pour ces enfants et ces adolescents ?
Le bilan psychologique, entendu dans toute sa complexité, grâce à la subtilité avec laquelle il appréhende les différentes facettes de la personnalité, offre un apport précieux pour la compréhension de ces troubles et une aide au diagnostic et aux propositions de prise en charge. Cet ouvrage, articulant théorie psychanalytique et clinique du bilan, en offre une illustration éclairante.
Ouvrage publiĂ© avec l’association Clinap.
ISBN : 9782749241289
Lien vers l'éditeur

Les sexualités
Érès
Ce numéro invite à une réflexion sur le traitement du sexuel infantile, confronté aux bouleversements des sexualités aux plans individuel, groupal et sociétal, dans le fonctionnement psychique des sujets, du petit enfant à l’adulte vieillissant, de la clinique du normal au pathologique.
À l’heure du dévoilement du sexuel sur les réseaux sociaux, de l’affichage de la sexualité du troisième âge et plus prosaïquement de l’accès direct aux images pornographiques sur le net,  les sexualités sont-elles encore subversives ? Lorsque Freud a renoncé à « sa neurotica » au profit du fantasme, pouvait-il se douter que le fantasme serait à son tour battu en brèche par une autre réalité ? En l’occurrence, le séducteur n’est plus l’adulte « pervers » mais la réalité sociale toute entière par les possibilités infinies d’exposition de l’autre, objet de la curiosité sexuelle originaire, qu’elle offre à l’enfant et à l’adolescent surfant sur la « toile ». Quelle est alors la part du fantasme et la part du trauma dans la réalité psychique des enfants et adolescents d’aujourd’hui, utilisateurs d’internet et des réseaux sociaux ?
Qu’en est-il des perversions sexuelles, de leur place et de leurs fonctions dans les sexualités actuelles ? « Néo-sexualités » (au sens de J. Mac Dougall) ou addictions sexuelles tentant de masquer des failles narcissiques plus ou moins profondes, représentent-elles toujours, comme le disait Freud, le négatif de la névrose ?
ISBN : 9782749253527
Lien vers l'éditeur
Père ou mère ?
Érès
Entre le père et la mère, faut-il choisir ? Que l’on soit enfant, adolescent, adulte ou personne vieillissante, faut-il toujours privilĂ©gier l’un plutĂ´t que l’autre, abandonner l’un au bĂ©nĂ©fice de l’autre ?
La bisexualité, cette immense construction freudienne, est toujours aussi vivace. Elle ne signifie pas la confusion des sexes, elle signale l’existence des deux, masculin/féminin et leurs configurations à la fois singulières et plurielles. Sans préjuger des choix de la vie amoureuse, elle souligne la double référence, au masculin et au féminin, au père et à la mère, au sein de la psyché. À partir d’expériences cliniques originales et de réflexions théoriques fécondes, les auteurs affrontent l’éternelle question « Dis-moi qui tu préfères, ton père ou ta mère ? Qui aimes-tu le plus, elle ou lui ? ».
ISBN : 9782749256320
Lien vers l'éditeur
Les scarifications: le regard de la métamorphose
Les scarifications sont frĂ©quentes au passage de l’adolescence Ă l’âge adulte. Leur cadre nosographique s’est Ă©largi, il va d’une modalitĂ© dĂ©fensive face Ă des difficultĂ©s d’autonomisation ou de sĂ©paration Ă une tentative de reprĂ©sentation d’une angoisse massive dans les Ă©tats limites ou chez certains psychotiques. Chez les filles, le passage Ă l’âge adulte est un moment particulièrement dĂ©licat. Dans une sociĂ©tĂ© qui valorise l’apparence, les transformations corporelles induites par la pubertĂ© et l’apparition des premières règles sont souvent traumatisantes venant mettre un coup d’arrĂŞt Ă l’occasion d’un statut de femme. Les scarifications constituent une limite corporelle qui vient inscrire la possibilitĂ© de changement vers l’accès Ă la fĂ©minitĂ©. Les scarifications sont comme dans le mythe de Narcisse la possibilitĂ© de se replier sur soi de faire apparaĂ®tre et disparaĂ®tre du sang qui n’est plus alors une menace. Les scarifications permettent une appropriation et donc une mĂ©tamorphose d’un corps de femme. Ă€ travers un cas clinique nous illustrerons cette hypothèse.
Lien vers l'éditeur
Inceste et scarifications : inceste fraternel et registre partiel
Les scarifications depuis les premières descriptions du xixe siècle ont été liées aux abus sexuels. Les études récentes montrent que l’inceste est un risque de proximité des scarifications et non pas un facteur étiologique. Notre hypothèse met en avant la persistance d’un fonctionnement psychique dominé par un registre pulsionnel partiel. L’emprise, la cruauté et la pulsion scopique sont particulièrement investies et participent à une certaine spécificité dans le déroulement et les soubassements du geste scarificatoire. L’inceste frère/sœur renforce le maintien d’une logique de fonctionnement partiel au détriment de l’intégration du génital. Tout comme les pulsions partielles le destin des scarifications est multiple : elles ne peuvent être qu’un passage favorisant l’intégration du féminin, de la passivité dans les deux sexes modalité de traitement de la perte par l’emprise, elles peuvent se rigidifier dans des aménagements pervers ou la logique masochiste domine, ou bien encore elles peuvent se figer dans une compulsion qui empêche tout processus de pensée et qui laisse la jeune fille face à une déliaison mortifère que les passages à l’acte suicidaires peuvent traduire.
Lien vers l'éditeur
La dépersonnalisation à l’adolescence : entre étrangeté ordinaire et conscience disloquée
La dépersonnalisation est un syndrome protéiforme présentant une grande hétérogénéité conceptuelle et une grande homogénéité dans ses descriptions cliniques depuis la fin du 19e siècle. Ce vécu d’étrangeté est particulièrement fréquent à l’adolescence en raison des spécificités de cet âge riche en transformations sans pour autant qu’il ne soit le signe d’une entrée dans un processus psychotique. Nous allons montrer que la dépersonnalisation à l’adolescence est associée à une fragilité narcissique et à un traitement pulsionnel qui privilégie la dimension scopique en permettant un regard sur soi, permettant d’éviter une dislocation de la conscience de soi.
Nous illustrerons les particularités de la dépersonnalisation à cette période de la vie par la vignette clinique d’un adolescent de 15 ans.
La dépersonnalisation à l’adolescence n’est pas systématiquement la manifestation d’une entrée dans une trouble schizophrénique, elle peut être la manifestation d’une fragilité du self dans sa constitution et sa délimitation et un achoppement dans l’unification et la perception d’une conscience de soi.
Chez les adolescents fragilisés narcissiquement par la puberté, il existe une porosité des limites entre le monde interne et externe. La forte mobilisation de la pulsion scopique dans la dépersonnalisation signe la dissociation entre l’expérience vécue et le registre perceptif visuel, mais aussi une tentative d’appropriation somatopsychique du self. On observe ainsi la double potentialité de la dépersonnalisation à l’adolescence qui peut être l’expression d’une dislocation de la conscience et accompagner un envahissement hallucinatoire, mais qui peut à l’inverse, revêtir une dimension trophique permettant un renforcement des assises narcissiques, des limites entre sujet et objet dans un véritable travail d’appropriation de soi-même propre au passage de l’adolescence à l’âge adulte.
La dépersonnalisation a fait l’objet de nombreux travaux au siècle dernier Ils soulignent son hétérogénéité conceptuelle contrastant avec une grande homogénéité des descriptions et du vécu qui l’accompagne. Le vécu de dépersonnalisation fréquent à l’adolescence en raison de l’importance des bouleversements qui l’accompagnent ne doit pas conduire systématiquement au diagnostic de psychose. Certes, l’importance de la dislocation de la conscience de soi et la massivité de l’exclusion de l’objet peuvent s’accompagner d’une émergence délirante, mais la dynamique trophique, la tentative de différenciation et d’appropriation de soi par la dépersonnalisation sont à soutenir à l’adolescence, notamment par un travail psychothérapique, conduit l’adolescent à une confrontation à ce « « je » qui peut être un autre », et l’engage dans un voyage à la rencontre de cet autre dont les retrouvailles peuvent en être l’issue heureuse et souhaitée.

Le Hikikomori entre Idiome culturel et expression actuelle de la souffrance au passage de l’adolescence à l’âge adulte
Le Hikikomori est un syndrome de retrait à domicile pour une durée de plus de 6 mois décrit chez des adolescents et jeunes adultes japonais. L’approche culturelle et sociologique est privilégiée au Japon où une compréhension psychiatrique a longtemps été refusée. Nous allons démontrer comment l’approche psychopathologique rejoint la catégorisation dans le DMS 5 du Hikikomori comme un idiome culturel, c’est-à -dire comme expression actuelle d’une souffrance dans le passage à l’âge adulte chez certains adolescents, notamment en France.
À partir des premières descriptions de Hikikomori dans la littérature scientifique japonaise dans les années 1980, nous verrons comment ce syndrome de claustration volontaire a pris de l’ampleur et a bénéficié d’une attention particulière des autorités qui ont mis en avant sa part culturelle. Nous verrons comment ce syndrome tire sa source de la mythologie japonaise et comment il se traduit et est décrit dans d’autres cultures et dans la littérature psychiatrique française et anglo-saxonne. Nous utiliserons enfin une approche psychopathologique pour compléter les modalités de compréhension de ce comportement chez des garçons à l’entrée dans l’âge adulte.
Le Hikikomori existait sous d’autres formes au Japon avant les années 1980, de même en France depuis le milieu des années 1950 sous le nom de syndrome de claustration, associé le plus souvent à des troubles psychotiques, et dans les pays anglo-saxons sous celui de housebound syndrome, forme particulière chez les femmes d’agoraphobie. Il s’intègre à la catégorie proposée par le DSM-5 d’idiome culturel et rend compte d’une forme actuelle d’expression de la souffrance dans le passage à l’âge adulte chez certains adolescents confrontés à des exigences sociétales et familiales fortes qui les conduit à mobiliser une forte inhibition, à laisser en suspens les exigences idéales de leur moi et à se réfugier dans la passivité.
Si l’approche culturelle est centrale dans la littérature japonaise, des questionnements sur l’existence de comorbidités associées ou de Hikikomori primaire ou secondaire, soulignent l’intérêt d’une approche psychopathologique. En effet, malgré le refus de considérer le Hikikomori comme un syndrome culturellement lié en raison de la présence de cas similaires dans de nombreux autres pays, sa catégorisation comme idiome culturel permet de rendre compte d’une double spécificité culturelle et psychopathologique. La place de l’inhibition, la confrontation à un idéal exigeant et tourmentant façonne un masculin aux prises à la passivité, d’une passivité choisie dans une logique masochiste pour tenter de moins souffrir qu’en la subissant. La claustration au domicile serait alors un acte messager en négatif, forme actuelle d’expression d’une souffrance liée aux achoppements dans le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Lien vers l'éditeur
Enjeux et travail de frontière : approche métapsychologique des limites
Il s’agit de réinterroger le concept de limite dans les champs psychopathologique et psychanalytique au-delà d’une centration nosographique sur la catégorie de trouble borderline de la personnalité. Adoptant une approche conceptuelle, notre propos se centre sur une forme particulière de limite que sont les frontières. La notion de frontière permet à la fois de dépasser une approche purement linéaire, bidimensionnelle induite par le terme de limite et de promouvoir une approche dynamique et processuelle.
La notion de frontière fait l’objet de nombreux débats et s’inscrit dans une réflexion sur la spatialité de l’appareil psychique. Freud l’a associée à la pulsion et au moi comme être de frontière. P. Federn a prolongé ces travaux en s’intéressant aux frontières du moi et à leur fluctuation notamment dans la schizophrénie et la dépersonnalisation. D’autres concepts participent à la compréhension de la délimitation de l’appareil psychique : le pare-excitation proposé par Freud, les barrières travaillées par Bion et dans le domaine des troubles autistiques et le moi-peau de Didier Anzieu.
La notion de frontière met en tension l’espace bi- et tri-dimensionnel, ligne de démarcation et lieu de passage, zone de conflit et de transformation, trophicité et toxicité. Elle souligne l’importance d’être plus qu’une simple ligne, mais un espace véritable, lieu psychique en construction. Elle nous permet de dégager l’idée d’enjeux et de travail de frontière. Les enjeux de frontière concernent la délimitation et la différenciation dedans/dehors et en interne celle des différents espaces ou instances psychiques. Le travail de frontière, travail psychique de transformation, de mise en tension, de conflictualisation et de confrontation à un au-delà du moi, du corps et du langage.
Les enjeux de frontière aboutissent à la délimitation interne/externe et à la différenciation : bon à l’intérieur et mauvais à l’extérieur et en garantissent la protection. Ils se prolongent dans le travail de frontière : la frontière délimite les contenants mais elle participe aussi à l’intégration du contenu. Dans sa dynamique, le travail de frontière participe à la transformation de l’excitation, dont la valeur paradigmatique est soutenue : passage de frontières qui poussent aux changements. Le travail de frontière est particulièrement sollicité à l’adolescence, mais il perdure tout au long de la vie et peut favoriser ou entraver les processus de changement, il peut se rigidifier, se scléroser, limitant alors la dynamique psychique, et participer à la genèse des symptômes.
Penser les limites en termes de frontière permet de rendre compte des processus psychiques engagés tout au long de la vie dans la délimitation et la transformation de l’appareil psychique. L’attention portée aux enjeux et au travail de frontière, dans leur fonction transformationnelle mais aussi dans leurs points de butée, soutient une approche dynamique du fonctionnement psychique, sur un continuum entre normal et pathologique. La frontière, en tant que forme particulière de limite, offre une lecture originale des processus sous-jacents à l’expression contemporaine de la souffrance psychique et dynamise l’approche nosographique.
Lien vers l'éditeur