Lors d’une soirée, à un flagorneur qui le complimentait en lui disant «Que vous êtes élégant!», Lord Brummel répondit: «Pas assez, puisque vous l’avez remarqué!». La réponse est stylée, mais dit aussi, en creux, ce qu’est le style: ni trop ni pas assez, ni moyenne entre les deux! «Sapé comme jamais»: ça se voit, comme se voyait le costume du dimanche. «Sapé comme toujours»: ça se voit aussi, hélas, comme la veste qu’on porte tous les jours. Trop de tons fait affèterie, absence d’accents fait banalité. Alors si l’habit fait le moine, quand fait-il le style? Du jardin la rose est reine: elle a la beauté, non le style, et fait de l’ombre à toutes les autres plantes. Les fleurs des champs, elles, sont toutes de couleurs différentes, mais jamais elles ne «jurent» entre elles: elles sont stylées, et sont même la vérité esthétique du pré. Le style, c’est la vérité de la forme, qui apparaît sans ostentation, sans «mise en place», sans préparation – un peu comme les figures de la gymnaste, si fluides qu’elles ne laissent plus voir les exercices préparatoires. Il suffit de lire cinq lignes pour reconnaitre un texte de Proust, et regarder cinq centimètres carrés d’une toile pour reconnaître un tableau de Pollock: le style, c’est la signature. Aussi, qualifier de stylée la manière dont une personne s’habille, équivaut à dire: c’est bien toi, je te reconnais! Mais on sait aussi hélas qu’une signature peut être falsifiée…
La rencontre est ouverte à tous sans obligation de réservation ni de déjeuner.
Le Café du Théâtre Princesse Grace est ouvert pour la restauration du public.