Création et vérité / La vérité et ses doubles

Conversations

Cet événement est intégré au cycle « Semaine PhiloMonaco 2025 »

Fiction et confession

Avec Paul Audi, philosophe

Maria Pourchet, auteure

La fiction est le produit de l’imagination humaine et de ce fait, se trouve souvent dévalorisée dans l’histoire de la philosophie parce qu’appartenant à une réalité parallèle, corrompue par la fantaisie et les fantasmes de l’écrivain. Platon désapprouve les poètes parce qu’ils représentent à ses yeux le mensonge, c’est-à-dire l’altération de la vérité brute, et parce qu’ils préfèrent la vérité de leurs points vue à la recherche de la vérité « tout court ». La confession, de son côté, est à l’origine un « aveu » : elle s’inscrit dans une démarche religieuse et morale d’absolution. Se confesser, c’est croire que tout n’est pas perdu, c’est octroyer à la parole le pouvoir d’agir et de transformer le passé, d’en faire autre chose à travers le geste de la confidence, orale ou écrite, au présent. Alors que la fiction est fondée sur un pacte d’invention, la confession est fondée sur celui de sincérité. Quand fiction et confession se rejoignent, elles viennent rebattre les cartes non seulement de la vérité et de ses présupposés, mais de la capacité de l’écrivain à atteindre une quelconque sincérité.

Quelles histoires se raconte-t-on à soi-même quand on se confesse à autrui et qu’on rend cet aveu public ? Est-il possible qu’une confession ne se réduise pas à une posture illusoire ? Comment faire face aux trous de mémoire et à ses répercussions dans l’ordre de la vérité de l’aveu ? L’autofiction est-elle le ressort de toute fiction et de toute confession ? Autrement dit, comment l’écrivain joue-t-il avec la vérité pour créer un lien avec son lecteur ?

Conversation et contestation

Avec Richard Malka, avocat, essayiste, scénariste de bandes dessinées et romancier

Chantal Thomas, de l’Académie française

La conversation est fille de la liberté : sans liberté d’expression, la conversation n’aurait aucun intérêt et ne serait porteuse d’aucune valeur. Aussi, pour contester – une opinion, une vérité, un pouvoir, un ordre du monde – il faut commencer par converser. Or, la conversation est un art : d’abord, celui d’écouter. Elle est ensuite l’art de bien dire, d’employer les mots justes, de les définir au préalable pour instituer des prémisses communes. Conversation et contestation sont non seulement conditionnées par la liberté – de dire, d’interroger, d’ébranler, de choquer, de déplaire – mais visent également à sa perpétuation.

L’imaginaire collectif perçoit l’apogée de l’esprit de conversation en France au siècle des Lumières, qui est celui de la promotion de l’accessibilité du savoir et de l’échange contradictoire. Les régimes politiques qui se succèdent en Occident depuis le XVIIIe siècle – et les lois qu’ils mettent en œuvre – donnent de plus en plus la parole à tout un chacun. Dans cette perspective, c’est surtout la tribune médiatique qui, de manière progressive bien qu’heurtée, étend l’esprit de conversation et de contestation au citoyen lambda.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux complexifient la donne et mettent au défi les notions de conversation et de contestation : de nombreux utilisateurs s’expriment d’abord à travers l’invective, signe de la décrédibilisation de la parole de l’autre, au nom de la liberté de contester. Si les conditions de la conversation ne sont plus réunies – l’écoute, le respect, l’échange contradictoire –, la contestation, c’est-à-dire la possibilité d’exprimer son désaccord, a-t-elle encore un avenir ?

Intervenants

Fanny Arama

Docteure en littérature française

Fanny Arama est agrégée de lettres modernes et docteure en littérature française. Elle a dirigé l’ouvrage collectif Expériences mystiques : énonciations,…

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Paul Audi

Philosophe, membre du Jury

Paul Audi est ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie et docteur en philosophie. Après avoir soutenu une thèse sur…

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Richard Malka

Avocat et auteur

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Chantal Thomas

de l'Académie française

Officier de l’Ordre National du Mérite Commandeur des Arts et des Lettres. Après avoir enseigné la littérature aux U.S.A. pendant…

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