Jusqu’Ă  quand est-on enfant ?

Philo Blog

Robert Maggiori, philosophe, répond à la question de Yoalem, 10 ans.

 

 

Les Rencontres Philosophiques de Monaco vous proposent chaque semaine une question d’enfant Ă  laquelle rĂ©pond un philosophe.

Cette semaine Robert Maggiori, philosophe et Membre fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco, répond à la question de Yoalem, 10 ans.

 

VoilĂ  une bonne question mon petit Yoalem, mais assez difficile. Tu vois, l’enfant, si on regarde le mot, cela signifie celui que ne parle pas. Mais tu vois bien que toi tu parles, mais tu es encore un enfant donc ça ne suffit pas pour dire quand on est plus un enfant. Alors peut-ĂȘtre que l’enfance c’est un Ăąge. Alors on dira qu’elle se termine quand commence l’adolescence, qui est une pĂ©riode entre les deux. C’est plus tout Ă  fait l’enfance mais c’est pas encore tout Ă  fait l’Ăąge adulte. Mais lĂ  encore c’est difficile parce que souvent il y a des adolescents qui restent trĂšs enfant et d’autres qui sont dĂ©jĂ  bien adultes. Et bien peut-ĂȘtre qu’il y a des signes physiques pour dire quand on est plus un enfant. Tu sais les anciens, les Grecs, ils disaient pour les garçons, qu’on Ă©tait plus un enfant lorsqu’on avait la barbe qui commençait Ă  pousser. Mais ils ne disaient rien non plus pour les filles, quand mĂȘme. Alors peut-ĂȘtre qu’il faut aller un petit peu plus loin, tu vois, et dire que l’enfant, c’est un Ă©tat d’esprit. On peut ĂȘtre enfant, c’est Ă  dire avoir des caprices, se croire tout puissant, faire ce que l’on veut, se comporter “comme un enfant”. Et ça mĂȘme un adulte peut se comporter comme un enfant. Tu vois comment la question est difficile. Alors on pourra dire aussi que quand toi, par exemple, tu as dix ans, tu peux penser, imaginer, te souvenir de ce que tu faisais il y a deux ans, ou il a trois ans. Et tu t’aperçois que ce souvenir de quand tu Ă©tais un petit enfant, il reste encore dans la tĂȘte. Alors peut-ĂȘtre que la rĂ©ponse c’est : on ne cesse jamais d’ĂȘtre un enfant. Tant qu’on peut avoir effectivement des souvenirs de son enfance. Et ça on peut les avoir mĂȘme lorsqu’on est vieux. Et quand on est vieux, et si on pense Ă  ce que l’on faisait quand on Ă©tait petit, on s’aperçoit que l’enfant, l’enfance plutĂŽt, nous accompagne toujours, alors quand on devient adulte, aprĂšs l’adolescence, on est plus un enfant mais l’on peut garder l’enfance, effectivement, en elle. Et puis il y a aussi l’idĂ©e qu’un enfant il ne peut pas faire tout ce qu’il veut, il n’est pas encore libre. Tu vois, il n’est pas encore autonome, il ne gagne pas sa vie, il n’a pas de salaire, il ne va qu’Ă  l’Ă©cole, il est dirigĂ© par le maĂźtre. Dans l’Ă©ducation il est dirigĂ© par ses parents, et par ceux qui s’occupent de lui. Alors peut-ĂȘtre que l’enfant c’est celui qui ne cesse pas d’ĂȘtre mineur, c’est Ă  dire de dĂ©pendre des autres. Alors que peut-ĂȘtre, on est plus un enfant lorsqu’on devient majeur, non pas au niveau de l’Ăąge, mais lorsque l’on est capable de prendre soi-mĂȘme, effectivement, des dĂ©cisions. Mais le mieux, c’est quand mĂȘme de se dire que l’on reste toute sa vie ‘enfant’ si on garde en soi, dans sa mĂ©moire, les attitudes et les aptitudes de l’enfance. Allez, je t’embrasse trĂšs fort. Au revoir.

Partagez