En 2016, le Colloque des Rencontres Philosophique de Monaco proposera une réflexion sur le sens – à la fois surprenant et nécessaire, donc toujours paradoxal – de la « rencontre ». Qu’est-ce qu’une « rencontre » digne de ce nom ? Qu’appelle-t-on « faire une rencontre » ? De quoi et devant qui la « rencontre » advient-elle ? Et quand rencontrons-nous ? Quelles sont les affects surgissant à même la « rencontre » et comment disposent-ils chaque pli de la « rencontre » ? En quoi et comment la « rencontre » contourne-t-elle les sentiments, sensations, émotions d’amour et de joie, d’angoisse et d’ennui, de promesse et de deuil, d’enthousiasme, de désespoir ou de douleur ?
D’abord, osons ceci : la « rencontre » engage cet instant où, ne s’y attendant jamais, elle survient comme si l’on s’y attendait depuis toujours. Ainsi, l’imprévu absolument énigmatique de la « rencontre » se confond miraculeusement en un instant déjà imaginé, anticipé, voire même créé. En ce sens, la « rencontre » se situe entre l’inattendu sans précédent et le toujours déjà attendu. D’où la question : comment « penser » cet instant advenant à la fois tel un événement bouleversant toute faculté de le prévoir et comme cette vérité déjà connue ou cette justesse présagée ? Ainsi, depuis ce paradoxe, nous tenterons d’approcher ce qui se joue dans la « rencontre ». Dans la « rencontre » de soi-même, de l’autre en soi-même, tout comme de celle où l’humain « rencontre » l’autre humain, ou encore l’animal, et que s’y trace, soit avec l’un comme avec l’autre, la possibilité de façonner un « nous », un « vivre-ensemble », un « être-ensemble » – à deux, à trois, à plusieurs. C’est, en ce sens, toute la question de l’éthique et du politique que nous entendons déployer à même l’instant de la « rencontre ».
Il nous appartiendra ainsi de réfléchir aux multiples occasions de la « rencontre » et donc à ces instants où surgissent du tréfonds de l’existence humaine, les « rencontres » les plus vives : celles de l’amour, de la justice, de la vérité, du désir, de la passion, de la foi ou du Sacré, du politique, de l’art, de la philosophie…
Joseph Cohen
Raphael Zagury-Orly